jeudi 23 février 2017

Lecture : Osez 20 histoires d’orgasmes inoubliables

Je vais aujourd’hui vous parler d’un recueil de nouvelles érotiques.

 

Pour cet ouvrage collectif, La Musardine avait lancé un appel à textes auquel je n’ai pas participé. Le thème « orgasme inoubliable » ne m’inspirait pas, malgré la multitude de possibilités qu’on peut envisager à ce sujet.

Mon problème avec l’orgasme (littéraire, s’entend, moi je vais très bien merci) c’est qu’il s’agit d’une figure imposée. On tombe vite dans les clichés à base de vagues qui déferlent pendant que le sperme jaillit par saccades plus ou moins longues. Écrire sur l’orgasme m’ennuie, mais on ne peut pas y couper : faut que ça jouisse ! J’ai préféré passer mon tour.

Par contre, je me suis demandé comment les collègues s’en étaient sortis. Allais-je vraiment trouver dans ce recueil 20 orgasmes dantesques, inoubliables et… variés ? Différents les uns des autres ?
Je me suis précipitée pour l’acheter. Et j’ai bien fait.

Les prouesses des auteurs m’ont carrément blu-ffée ! Voilà un recueil d’une grande qualité et d’une belle diversité.

Mes nouvelles préférées


J’ai eu un mal fou à choisir, car j’ai aimé la grande majorité des textes, mais voici quand même une petite sélection :

- Le saule penché de Joao Miguel Baile Dos Passarinhos, comme quoi la taille (du pseudo) peut-être que ça compte finalement… Une belle histoire singulière qui mêle la psychiatrie, la fantasmagorie noire, la religion et l’érotisme pour un résultat époustouflant.

- Ad libitum de Emm Frost et Le syndrome de Jon Blackfox : deux textes originaux et bien écrits, avec humour. J’ai même appris le verbe « dézober », c’est dire.

- L’amant inattendu de Clarissa Rivière et Co Vadis d’Aline Tosca pour leurs héroïnes plus vraies que nature, sensuelles, voraces, attachantes, loin des clichés du genre.

- Une belle ambiance rétro, très excitante, pour 1974 de Vincent Rieussec.

- Héloïse Lesage qui ose évoquer (dans Father i’d like to fuck) le premier rapport après un accouchement, acte de bravoure à souligner selon moi, car plus les personnages sont réalistes, plus le texte est érotique.

Puis en vrac, j’ai beaucoup aimé aussi King-Kong et la petite sirène (Rita), Une nuit (John Faredes), Devoirs de vacances (Juliette Di Cen) et Manège (Louise Laëdec).

Vous allez me dire « mais ça fait plus de la moitié du recueil ! », eh bien oui comme je vous le dis ce recueil m’a bluffé, et encore, j’ai dû me restreindre parce que j’ai beaucoup apprécié les autres aussi, mais si je citais tous les textes, vous ne me croiriez plus.

Alors, question orgasme ? Ai-je trouvé ce que je cherchais ?


Je me suis pris une véritable leçon d’écriture sur le sujet. Quelques exemples ?

 Dans ce recueil, l’orgasme, ça se passe comme ça :

« … il me cloue, m’équarrit, je mousse du lait et du miel… la minuterie est inarrêtable... la violence du choc imminente… une boule d’énergie se rassemble au centre, reflue, remonte… tension… avant que tout se bloque… fourmillement intersidéral… Ambiance de fin de corrida. Coincée entre le picador et le matador... Immense cri silencieux, mes yeux se sont plissés, tout mon corps s’est rassemblé sur la brûlure… me fait presque décoller du sol… À en oublier mon nom… kaléidoscope… hallucinatoire… flash fluorescent… plaisir extraterrestre… éclosion d’un œuf cosmique... hurlé comme une folle conduite au bûcher… fontaine de nectar intime… jusqu’à ce que mon palpitant affolé tire sa révérence… me fulgure de part en part… ça durait, durait, durait… Pourrait-on jouir ainsi en latin, en grec, dans le livre qui sait tout ? »



Version poche
Version numérique

mercredi 15 février 2017

3. Plonger le lecteur dans l’ambiance ? Premier roman — making-of de Liù



Voici le n° 3 de la série d’articles sur les étapes que j’ai suivies pour écrire « Liù, esclave impériale », mon premier roman érotique. Chacun écrit selon sa méthode. Je vous propose de découvrir la mienne.


Liens vers les premiers articles :



Avant de commencer à écrire, j’aime avoir une idée claire de l’ambiance du roman. Pour moi, l’atmosphère est intimement liée à l’intrigue, aux besoins de l’histoire. Pour Liù, je veux une ambiance chaude, sensuelle, orientale.

Pour tenter de la rendre concrète, j’utilise deux panoplies :

– les lieux (paysages, villes, décors intérieurs, objets)

– les temps (époque, climat, météo du jour)

J’aime me baigner dans cette ambiance tout le long de l’écriture, pour m’en imprégner. C’est le moment de rassembler tout ce qui m’évoque cette ambiance. Le plus souvent, je crée un tableau Pinterest (visible ici pour Liù, si vous êtes curieux). 



À usage personnel, cette collection de photos me permet d’affiner les images que je vais décrire, les costumes, les paysages, les objets. Ce support m’aide à utiliser des détails concrets (matières précises, tissus, végétation, espèces animales, poids et mesures, monnaies, distances) qui rendent le texte moins vague, plus réel.




Je n’oublie pas de jouer sur les 5 sens. Je mène des recherches sur : les parfums, les musiques, les textures, les saveurs qui doivent enrichir l’ambiance. C’est vrai pour tous les romans, mais ça me semble particulièrement important pour l’érotisme, vu que le récit doit sembler le plus sensuel possible.

Une autre façon de s’imprégner de la bonne atmosphère, c’est de lire tout ce qui concerne le même type de lieux, à la même époque, ou du moins qui s’en rapproche. 

Voici les romans qui ont accompagné la naissance de Liù. Pas dans un but de plagiat, mais pour déconnecter mon cerveau de « aujourd’hui 2017 en France » et le pousser à réfléchir version « Sud de la Chine médiévale ».




Regarder des films, ça marche aussi ! 

En vérité, tout ce qui peut nourrir votre imagination, votre cinéma intérieur, doit être soigneusement emmagasiné et consulté régulièrement.

Et vous ne louperez aucune étape, si vous vous inscrivez à la newsletter !




vendredi 10 février 2017

Unissons-nous contre le Zemmour porn !



Je vous présente aujourd'hui le livre-témoignage de Camille Emmanuelle :

"Lettre à celle qui lit mes romances érotiques, et qui devrait arrêter tout de suite"

Le mot de l’éditeur : Voici à présent la littérature photoshopée ! Les romances érotiques se suivent et se ressemblent : la femme et l'homme répondent à des stéréotypes étriqués, leurs interactions sont autant simplistes que convenues et le désir féminin doit se cantonner à quelques clichés hyper réducteurs. Saviez-vous que chaque personnage doit avoir une blessure secrète ? Que six jours peuvent suffire à écrire une romance ?

Extrait : « L’homme est blanc, dominant, riche, musclé, performant sexuellement et pénétrant. La femme est blanche aussi, pauvre, pénétrée, elle attend qu’un homme la comble sexuellement (et si possible la comble aussi de cadeaux). »

L’auteur : La journaliste Camille Emmanuelle, qui a écrit sous pseudo une douzaine de romances érotiques, nous ouvre les portes de ce genre littéraire. Avec la verve qui la caractérise, elle dénonce l’éternelle comédie qu’on veut, encore, faire jouer à l’homme et à la femme.

9.99 € / 13.90 € sur Amazon

Mon avis : D’abord une précision pour les fans de romance : Camille Emmanuelle ne fustige pas TOUTE la romance, seulement celle des clichés, rétrograde et produite à la chaîne. Elle cible une maison particulière, sans la nommer malheureusement. (Mais y a sans doute moyen de le découvrir grâce aux indices semés dans le livre, avis aux connaisseurs…)

Je ne suis pas Manon, la lectrice de romance formatée à qui s’adresse ce brûlot. Je ne lis pas de livre cul-cul (expression utilisée par l’auteur). Je préfère le bon vieux cul, celui des détails réaliste avec des poils et de la sueur. L’esthétisme à outrance des magazines féminins m’agace, le lisse me laisse de marbre. Mais comme j’écris de l’érotisme, le phénomène m’intéresse. Je les vois passer tous ces milliardaires (sans parler des bad-boys). On sait qu’ils sont stéréotypés, mais A CE POINT-LÀ ? Je comprends mieux pourquoi on dit « dangereusement rétrograde ».

J’ai trouvé ce témoignage important, instructif et drôle. J’ai eu le cœur serré quand l’auteur signale l’interdiction d’évoquer Colette (contexte : le milliardaire offre une édition originale à son futur beau-père) sous prétexte que Colette était bi. Bonjour l’homophobie. Et ce n’est malheureusement pas un fait isolé dans la collection dénoncée par l’auteur. Les personnages, même secondaires, sont obligatoirement blancs, hétéro, sans handicap, avec des goûts mainstream. L’héroïne ne prend aucune initiative. Au moindre écart, c’est la censure.

Un regret :
– Trop peu de Manon liront ce livre. Sur Amazon, il ne figure pas avec les romances, mais plutôt parmi les réquisitoires. Dommage. Le ton de Camille Emmanuelle n’est pourtant jamais condescendant envers les lectrices, au contraire. Comme souvent, ce livre séduira surtout les déjà convaincues.

Mais après tout, mieux vaut en rire, et c’est ce qu’a fait Marie Laurent avec son roman « Deux nuances de brocolis » sympathique parodie de 50 shades.



Le mot de l’éditeur : Le chemin d’Amalia Faust, brave fille complexée et un peu nunuche, caissière chez Brico, croise par hasard celui d’Édouard Green, le séduisant patron d’une boîte de sex toys. Green propose bientôt à Amalia un étrange pacte. Elle découvre un univers insoupçonné où sexe, légumes et soumission sont étroitement associés. Mais à la longue, les positions inconciliables des deux héros risquent de rendre leur relation difficile.










Mon avis : plein de détails hilarants ponctuent cette parodie qui se lit d’une traite. Édouard Green, adepte du SL (le Sexe Légumier !) peine à convertir Amalia aux charmes des brocolis, crème d’endive et autres poireaux. Pas besoin d’avoir lu 50 shades pour en apprécier l’humour. Ce livre est un bon délire ! Je regarde désormais le contenu de mon tiroir à légumes d’un air suspicieux.


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mardi 7 février 2017

Comment construire l’intrigue et les personnages ? Premier roman — making-of de Liù






Voici le n° 2 de la série d’articles sur les étapes que j’ai suivies pour écrire « Liù, esclave impériale », mon premier roman érotique. 

Chacun écrit selon sa méthode. Je vous propose de découvrir la mienne.



Avant de commencer la rédaction elle-même, je me suis interrogée sur le format que devait prendre l'histoire, son volume, son découpage.















La lecture de « Femme de Viking » de Carl Royer m’a orientée. Exactement ce qui me convenait : 6 chapitres d’environ 8000 mots chacun, soit un roman de 300 pages si on additionne le tout. 6 chapitres avec chacun leur intrigue et un fil rouge général pour lier l’ensemble. Voilà ce que je voulais tenter.

(L'intégrale - sur Amazon)


Je me suis ensuite posé la question du niveau d’érotisme, du degré, du genre de scènes que je voulais écrire. Les scènes de sexe ne sont jamais gratuites. Une bonne façon de tester, c’est de supprimer la scène. L’intrigue devient bancale ? Cette scène est nécessaire ! Sinon, mieux vaut la supprimer.

Grâce à la collection « Osez 20… » où j’ai publié 4 textes, j’avais déjà une bonne idée de mes goûts habituels. Ni extrêmes ni trop elliptiques. Vivent les détails anatomiques sans tabou ! Halte à l'esthétisme aseptisé.

En parcourant les autres auteurs, on en apprend beaucoup sur soi-même. Par exemple, j’aime lire certaines ambiances BDSM, mais je suis incapable d’en écrire, ça me paraît trop codifié. J’avoue, la douleur consentie me laisse de marbre, alors comment la décrire ? Je ne suis pas très portée sur le divin marquis. J’admire par contre celles qui y parviennent, comme Valéry K. Baran ou Octavie Delvaux.

 
(version numérique ou papier - sur Amazon)


Ensuite, je fuis les romances épicées avec une fille mièvre qui rigole bêtement devant un mec en forme de fauteuil en cuir plein de fric. Au secours !






J’ai donc choisi Liù, une héroïne normale, avec du courage et des doutes, de l’espoir et des idées. Qui aime le sexe joyeux. Je la voulais ni cruche ni passive, sans aller jusqu’à en faire une badass qui marave les mecs à grands coups de lattes. Une fille normale, quoi. Avec un brin d'humour.
Liù est née esclave, certes. Mais elle conduit elle-même la barque de sa vie et de sa sexualité.



Rayon homme, on trouvera (entre autres) :

- Calaf : beau mais trop sage


- Ping : dandy vicieux



- Siam : voleur de grand chemin, charmeur peu fréquentable.



Puis bien sûr le roi Taïzu, paisible bouddhiste, car il n'y a pas que le sexe dans la vie !



Sans oublier la beauté ensorcelante de Fang Yin, princesse d’une cruauté sans égale.




Après avoir établi cette galerie de personnages, j’ai réalisé un plan général de mon histoire, avec les points clef de l'intrigue (rebondissements, fausses pistes, résolution des problèmes). J'ai découpé mes 6 épisodes, puis écrit un synopsis pour chacun d’eux.

La suite dans un prochain article où je vous parlerai de comment plonger le lecteur dans l'ambiance..

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